UNE OPÉRETTE À RAVENSBRÜCK
"J'ai écrit une opérette, une chose comique, car je pense que le rire,
même dans les situations les plus tragiques,
est un élément revivifiant"
Germaine TILLION
"J'ai écrit une opérette, une chose comique, car je pense que le rire,
même dans les situations les plus tragiques,
est un élément revivifiant"
- Qui était Germaine Tillion (1907-2008) ? :
Ce qui rend exceptionnel le personnage de Germaine Tillion est la manière dont elle a su réunir action et travail de connaissance. Ethnologue dans le Sud algérien dans les années trente, elle cherche à comprendre mais aussi à aider ceux qui l’entourent.
Rentrée en France au moment de la débâcle, elle s’engage dans la résistance ; s’ensuivent arrestation, prison, camp de concentration où elle cherchera encore à s’informer et à soulager la détresse de ses camarades. Au retour des camps, elle devient historienne de la déportation et de la résistance.
En 1954 éclate la guerre d’Algérie : elle luttera contre la misère et le terrorisme, la torture et les exécutions. Plus tard elle étudiera l’asservissement des femmes… Traversant les heures les plus sombres du siècle, elle n’aura jamais perdu la compassion pour ses semblables, ni son sourire malicieux.
ICI Courte biographie de Germaine Tillion
" Toute ma vie j’ai voulu comprendre la nature humaine, le monde dans lequel je vivais "
- La déportation au camp de Ravensbrück :
Germaine Tillion est arrêtée le 13 août 1942 , ainsi que sa mère également écrivain .
D’abord emprisonnée à Fresnes, Germaine est déportée en octobre 1943 à Ravensbrück.
Kommando de travail à Ravensbrück |
Le camp de Ravensbrück fournissait la main d’oeuvre bon marché (kommandos extérieurs) dans les
ateliers et les usines allemandes. Jusqu’en 1942. Les prisonnières qui n’étaient pas embauchée (Les
Verfügbar) constituaient la main d’oeuvre affectée au tri du butin des pillages des SS à travers l’Europe
occupée. Les prisonnières jugées inaptes au travail étaient battues, tuées par balle ou exécutées à
l’infirmerie du camp. Elles furent ensuite transférées à Auschwitz et vers d’autres centres
d’extermination.
ICI Images du camp de Ravensbrück
Dans le camp, Germaine est verfürgbar c'est à dire disponible pour n'importe quelle corvée car elle a réussi à éviter son embauche dans les kommandos extérieurs.
Durant la période où elle est affectée au Bekleidung, le service de tri des vêtements issus du pillage nazi arrivant par wagons entiers, Germaine Tillion prend le risque de se défiler du travail en se cachant dans une caisse d'emballage pour ne pas contribuer à l'effort de guerre allemand et écrire l'opérette.
Le hasard et la solidarité des détenues la protègent jusqu’à ce que la
victoire alliée lui permette d’échapper à la destruction d’elle-même et de son manuscrit.- L'ouvrage de Germaine Tillion : "Verfügbar aux enfers"
L'œuvre musicale plonge le spectateur de manière inattendue dans l’univers joyeux d’une opérette, sorte de revue conférence remplie d’humour noir. Il ne s’agit pas d’une fiction : le ton est léger mais la réalité est crue, violente.
À la déshumanisation programmée par leurs bourreaux, ces femmes avaient choisi de répondre par le rire. Un rire tellement irrévérencieux envers leur propre tragédie que longtemps, Tillion a refusé la publication du Verfügbar aux Enfers, de crainte que personne ne comprenne cet humour parmi les plus noirs.
Mais au camp, Germaine Tillion veut rire, aussi, pour narguer les bourreaux et se sentir encore vivante. Cachée dans une caisse pendant plusieurs jours, elle écrit Le Verfügbar aux Enfers avec l'aide de ses complices qui lui fournissent papier, crayon et leurs propres souvenirs pour les airs des chansons. Germaine Tillion, qui n'a pas composé la musique, n'hésite pas à détourner des airs célèbres (chansons scoutes ou grivoises, Habanera de Carmen, Danse macabre de Saint-Saëns...).
Court documentaire ICI
- Transmission au jeune public par un spectacle:
Dénonciation et illustration de la vie du Verfügbar, voilà ce que nous propose cette opérette-cabaret toute en leçons, chants, sketches, sautillements et borborygmes….
Quelques vidéos du spectacle :
Extrait 1 : ICI
- Pour aller plus loin:
- Films :
- " La vie est belle" de Roberto Benigni ICI
- Même période : seconde guerre mondiale
- Scène se passant à l'intérieur d'un camp de concentration
- Utilisation de la dérision
- "Le pianiste" de Roman Polanski ICI
- Même période : seconde guerre mondiale
- Histoire d'un pianiste juif polonais dans le ghetto de Varsovie
- Extrait du film ICI
- A propos de l'auteur et de son oeuvre :
- Littérature catalane : "El violí d'Auschwitz" de Maria Àngels Anglada
* Les sources de cet article :
- Dossier spectacle du Théâtre de la Petite Montagne
- Site internet du Théâtre de la Petite Montagne ICI- Wikipédia